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Gastroplastique
1 mai 2009

Premier jour à l'hôpital

Rendez-vous était pris. Le 26 janvier 2009. Après la paperasse, on me laisse avec mon voisin de chambrée. Un miraculé italien qui a un trou à la gorge qui parle comme une caverne. Un diabétique. Prononcer ce mot me donne des frissons. Il tousse et se racle la gorge sans arrêt, j’ai l’impression qu’il va chercher sa respiration dans de la vase. Il ronfle en état de veille, avec des « Aïa, aïa » toutes les 30 secondes et des « rrrRRrrrrMMMm, RRrrrMMmm » en permanence. Un vrai concert des horreurs respiratoires. Parce qu’il cumule, lui : poumons foutus, diabète avancé et locomotion approximative. Il pète aussi, mais il n’en mourra pas, lui. À l’heure actuelle, je n’ai pas encore l’entièreté de son pedigree. 71 balais quand même, je ne sais pas comment il a fait pour arriver jusque-là. Il est tout droit sortit d’un film de série z sur la mafia napolitaine. Accent à couper au cran d’arrêt, voix qui déraille, gueule sur laquelle est passée Corleone, bide de joueur de cartes de bistrot, une vraie bastringue de la Gomorra. Parce qu’il cause. Sans arrêt. Faudra que je l’étouffe avec un coussin ou que je trouve une solution pour lui enrailler la mitrailleuse. Je pose mes grolles et le premier test est là. Contrôle du diabète. Première mesure qui tombe : 129. L’infirmière me demande si je suis diabétique, je lui réponds qu’à priori non. Elle me regarde étrangement. Ça craint. La maximale, c’est 120, au-delà, on est diabétique ou pré diabétique, qu’elle me dit, « mais 129, ça va ! on ne va pas s’alarmer pour l’instant ». Tu parles qu’«on» ne va pas s’alarmer! Je ne m’attendais pas à ce que le premier coup de latte dans la tronche me saigne si tôt. La première infirmière à peine partie que la seconde arrive pour me soutirer des tubes et des tubes de sang. Pour les résultats des analyses sanguines, faudra attendre demain. Ouf, un sursis. Je termine mon rangement et m’installe avec « Crime et châtiment » que j’espère terminer durant ces trois jours. C’était sans compter sur mon voisin. Il beugle sans arrêt. Sur les infirmières incompétentes, les médocs qui ne lui conviennent pas et me raconte 5 fois qu’il était dans un autre hôpital pour soigner ses poumons et qu’on lui avait fourgué des médicaments qui lui ont fait exploser son taux de diabète. Il est hargneux, j’ai l’impression qu’il va cogner la prochaine infirmière. Le médecin me sauve du récit qu’il s’apprêtait à me meugler à l’oreille du voyage de sa femme à Lourdes. Mais je sais que ce n’est qu’un autre sursis. Décidément, c’est comme une prison ou comme si je m’apprêtais à aller en prison.
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